À la tête de WHOLE (wastefree, hand-dyed, organic, local, eco-friendly), manufacture de teintures naturelles réalisées à partir de végétaux, Aurélia Wolff était présente cette année au 34e Festival de Mode, de Photographie et d’Accessoires de Mode à Hyères. Le but ? Partager son savoir-faire à travers des ateliers pratiques où visiteurs et curieux ont pu teindre des t-shirts et débardeurs American Vintage. Elle nous a parlé de son métier.
En 2009, Aurélia Wolff lance sa marque de prêt-à-porter féminin made in France, confectionnée à partir de tissus récupérés. Deux boutiques et plusieurs distributeurs internationaux plus tard, l’entrepreneuse va plus loin dans l’éco-responsabilité et se tourne vers la teinture naturelle, rendue possible grâce à la revalorisation de déchets végétaux. S’initiant aux côtés de Michel Garcia, ponte en la matière, sa première collection voit le jour en 2014. Coussins, torchons, foulards, couvertures… Aurélia Wolff s’empare du monde de la teinture avec sobriété et « modernité » comme elle tient à le souligner : « Ce n’est pas parce que l’on fait de la teinture que ça doit ressembler au tie and dye des années 70 » souligne-t-elle. La preuve avec WHOLE, sa manufacture, dont elle nous parle aujourd’hui.
Qu’est-ce que la teinture végétale ?
Je me suis toujours sentie concernée par l’artisanat et la nature. Avec ma première marque, je touchais déjà au durable mais je voulais aller plus loin. Un livre sur la teinture naturelle trainait chez moi, j’ai fini par faire des recherches. J’ai alors compris qu’on pouvait teindre des tissus à partir de fleurs et végétaux déjà usagés pour s’inscrire encore un peu plus dans la durabilité. Par exemple, mes peaux d’avocats me sont données par un restaurateur mexicain qui réalise ses guacamoles avec des avocats biologiques.
Quel végétal pour quelle couleur ?
Les combinaisons sont infinies et le rendu différent selon le tissu que l’on utilise. Personnellement, je me sers d’un rose obtenu à partir de la peau d’avocat, qui a l’avantage d’être une teinture directe, très forte et facile. La garance offre un autre type de rose beaucoup plus efficace sur laine. La rhubarbe, de l’ocre. L’indigo, du bleu…
American Vintage travaille depuis sa création à l’élaboration de couleurs exclusives. Comment avez-vous collaboré avec la marque à Hyères ?
American Vintage et moi partageons une approche très sensible de la couleur, ça ne pouvait que faire sens avec ma façon de travailler. Ils font également très attention aux fibres qu’ils utilisent, leurs cotons sont très beaux. Pour obtenir le bleu et le rose présent sur notre atelier commun, j’ai créé un indigo lui-même issu de plantes variées (ici, le pastel). Il a la particularité d’être insoluble dans l’eau et ne peut se teindre qu’à froid. Contrairement à l’avocat, on ne peut pas faire bouillir ses feuilles mais les réduire. C’est l’oxydation du tissu après qu’il ait été plongé dans la cuve puis exposé à l’air libre qui va générer la couleur bleue. Quant au rose, j’ai choisi celui de l’avocat, qui n’est pas sans rappeler celui de la villa de Noailles. Les pigments s’obtiennent par décoction en faisant bouillir la peau, en la filtrant et en y plongeant le tissu.
De nouveaux projets ?
J’ai envie d’aller plus loin dans ma quête du naturel. Je cherche à développer la sérigraphie à travers l’encre végétale et j’ai répondu à l’appel à projets lancé par la ville de Paris : les Parisculteurs. Mon idée est de mettre en place dans le 13e arrondissement un jardin de plantes tinctoriales. J’aurai la réponse en juillet. Stay tuned !
L’AMV Journal est un lieu dédié aux rencontres, à la découverte et aux voyages. Chaque semaine, vibrez au rythme des coups de coeur, portraits et inspirations d’American Vintage et de son studio de création.