Nouveaux modèles #1 : le tapis berbère s’upcycle

Cette année 2020, nous lançons NOUVEAUX MODÈLES, une série de portraits et d’interviews des personnes et initiatives qui dessinent les contours du monde de demain. Mode, food ou design… comment peut-on produire différemment ? Quels sont ceux qui font bouger les lignes, et pourquoi ?

Dans ce premier article, cap sur le Maroc, où d’anciens tissus de la marque American Vintage sont transformés en tapis traditionnels berbères, au coeur du Moyen Atlas.

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». C’est avec cette idée en tête qu’American Vintage a choisi, il y a quelques mois, d’entreprendre un nouveau projet. Celui de revaloriser les chutes de tissus de ses précédentes collections, en les transformant en tapis boucherouite. Sylvie Lespagnol, qui a longuement pensé cette initiative, nous a détaillé ce processus, qui permet de réutiliser un maximum de matière – il faut environ 20 robes pour réaliser un tapis.

« Tout a commencé avec un grand tri. Nous avons regroupé les tissus American Vintage, ceux qui ne pouvaient pas être utilisés, car trop vieux ou disparates, par groupe de couleurs. Puis, chaque pile a été divisée, pour qu’il y ait assez de matière pour fabriquer un tapis« , nous explique Sylvie Lespagnol. Les cartons ont ensuite été envoyés dans la région de Fès, au Maroc. C’est là qu’une coopérative de femmes tisseuses prend le relais. Ce sont elles, les artisanes à l’origine de ces créations. « Elles sont une vingtaine. Il y a beaucoup de roulement, puisqu’elles travaillent à leur rythme. Elles habitent dans les montagnes, et c’est pour elles un merveilleux moyen d’exister, de créer du lien social et de gagner en autonomie« , explique-t-elle, précisant qu’elles ont toutes tenu à signer leurs pièces.

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Au départ, les tapis boucherouites sont fabriqués par les populations berbères. Très épais, ils permettent en effet de garder les habitations sommaires au chaud. « Ici, c’est une technique de nœuds qui est utilisée, et non une technique de tissage comme la plupart des tapis » précise Sylvie Lespagnol. Les morceaux de tissus sont en découpés en bandelettes, puis noués un à un autour d’une chaîne en coton. Tout est ensuite coupé à la même longueur. « Puis on recommence, jusqu’à obtenir le résultat final. »

Une démarche éthique dans tous les sens du terme : « on crée du travail, de l’échange humain, mais on s’éduque également. On découvre un savoir-faire, un métier d’artisanat. Surtout, on transforme quelque chose qui existait déjà« . Cette méthode moderne d’upcycling constitue aujourd’hui l’un des leviers d’une mode plus responsable : « toutes les marques ont des problématiques de stock, et il est nécessaire de faire un travail en parallèle pour éviter les débouchés classiques aux chutes de tissu (de l’isolant par exemple). Cela n’a plus beaucoup de sens de penser à la production sans réfléchir à l’après. Ne pas être dans les autoroutes classiques nous pousse à penser différemment« , conclut-elle.

Ces tapis boucherouite upcyclés uniques, signés American Vintage, seront exposés à Paris, du 26 au 29 mars 2020.

L’AMV Journal est un lieu dédié aux rencontres, à la découverte et aux voyages. Chaque semaine, vibrez au rythme des coups de cœur, portraits et inspirations d’American Vintage et de son studio de création.

Photographies : Julie Liger