Nouveaux modèles #6 : l’urbanisme botanique de The Young Herborist

NOUVEAUX MODÈLES est une série de portraits et d’interviews de personnes et initiatives qui dessinent les contours du monde de demain. Mode, food ou design… comment peut-on produire différemment ? Quels sont ceux qui font bouger les lignes, et pourquoi ?

Dans ce nouvel article, nous frayons avec le mystérieux Gary, du compte Instagram The Young Herborist. Le garçon n’a pas seulement la main verte pour les plantes, qu’il suspend dans tout Paris au creux de sneakers vintage, mais aussi pour les projets qu’il fait pousser au hasard des rencontres. Entretien avec cet artiste en herbe.

Un parcours semé d’heureux hasards

Après ses études, Gary crée la marque de vêtement Walk In Paris, avec le danseur Léo Walk. Si les matières et les couleurs sont modernes, l’esprit de la marque, lui, est clairement inspiré des coupes vintage repérées dans les friperies parisiennes. La collaboration entre les deux amis et associés fonctionne tellement bien, qu’elle se poursuit autour d’autres projets artistiques, comme avec La marche bleue, compagnie de danse de Léo Walk dont la tournée est en cours. Preuve, s’il en faut, que le parcours de Gary est semé d’heureux hasards, Walk In Paris lui permet de faire la rencontre du peintre Enfant Précoce, égérie de la griffe, et finit par le manager. “J’ai un peu tout bricolé sur le tas”, avoue le jeune touche-à-tout.

À découvrir : le compte Instagram de Gary

L’éclosion de The Young Herborist

En parallèle, Gary donne du grain à moudre à sa passion pour la botanique qu’il nourrit depuis tout petit grâce aux spacieux jardins de sa mère et de sa grand-mère. S’il a toujours eu un pincement pour la verdure, l’idée s’est concrétisée il y a seulement 3 ans, suite à une blessure liée au foot. “Je ne pouvais plus sortir de chez moi, explique-t-il. Je passais mes journées à regarder des tutoriels pour fabriquer des terrariums : j’en ai fait moi-même, j’ai rempli ma véranda de plantes et j’ai fini par avoir l’idée de mon projet The Young Herborist.”

Sur son compte Instagram, Gary cueille, plante, arrose, mais surtout, récupère d’anciennes baskets dans des friperies ou auprès de ses proches pour y planter des fleurs et des plantes résistantes aux intempéries. Là encore, son projet a mûri de manière spontanée. “J’ai toujours été fasciné par les chaussures suspendues aux câbles électriques”, raconte-t-il. La pratique, anglo-saxonne, est censée délimiter les « zones » des trafiquants de drogue, ou servir d’hommage aux morts. Mais comme Gary ne fait rien comme les autres, il s’est emparé du symbole pour “remettre un peu de beauté dans la grisaille parisienne” en y casant des plantes vertes.

Rien ne se perd, tout se récupère

Les végétaux qu’il suspend sont autant de petites œuvres d’art évolutives qui s’auto-gèrent, comme dans la nature. On pourrait le croire sneakers addict, mais l’accumulation d’accessoires et de vêtements, tout comme les achats compulsifs, ne ressemblent pas à l’artiste qui avoue ne posséder que quelques paires de chaussures, qu’il porte jusqu’à l’usure. “Quand elles seront trop usées, j’y mettrai sûrement des plantes et je les exposerai dans la ville, plaisante-t-il. Je suis pour l’upcycling, j’aime l’idée de redonner une seconde vie à quelque chose qui était destiné à mourir”.

Un crédo qu’il applique jusque dans son dressing, puisqu’il avoue piocher quelques vêtements dans l’armoire de ses grands-parents. “J’adore les belles pièces qui traversent le temps, je les porte à fond. J’en ai qui me suivent depuis des années, si bien qu’il y a des histoires qui se créent autour de ces pièces. Je suis un peu fétichiste des objets et de leur histoire”, confie-t-il en mentionnant sa veste, qui le suit depuis plusieurs hivers.

Au-delà des rues de Paris et d’Instagram, les oeuvres botaniques de Gary commencent à intéresser les boutiques, qui y voient un atout unique pour leurs scénographies. Dernièrement, ses créations se sont d’ailleurs retrouvées dans la boutique Adidas du Marais à l’occasion de la sortie d’une paire réalisée à partir de matériaux recyclés (Adidas Clean Classics). La passion de l’artiste et entrepreneur est donc devenue son métier. “J’aimerais continuer dans ce sens, et réfléchir à des happenings dans la ville, des sortes d’expositions dans la rue autour de mes oeuvres d’art évolutives”, conclue-t-il.

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